Les dix commandements de l’artiste peintre heureux / heureuse
En ce début d’année, et au-delà des traditionnelles bonnes résolutions, je vous propose de nous recentrer sur les valeurs profondes qui font que nous sommes des artistes. Et comme ce blog touche une communauté grandissante, j’ai pensé qu’un manifeste des dix commandements de l’artiste peintre heureux-se pourrait nous unir autour de nos points communs.
Premier commandement : tu seras soi-même
C’est la base de tout art vraiment authentique. Chaque artiste crée à partir de sa sensibilité, son histoire, son parcours, sa personnalité, ses goûts, ses influences. Notre art est issu d’un ensemble de caractéristiques personnelles absolument uniques, qui fait toute la particularité, la richesse et l’intérêt de notre production artistique. De plus, cela nous aide à trouver notre propre style. Cessons donc d’essayer de ressembler à tel ou tel artiste qui nous fascine ou qui nous semble avoir du succès et soyons nous-mêmes à 100%. Et cela signifie assumer nos défauts, nos obsessions et nos lacunes.
Deuxième commandement : tu peindras régulièrement
Cela semble une évidence, mais pour être un-e peintre épanoui-e, il faut réserver du temps à notre pratique artistique ! Peindre ne peut pas être une activité que l’on relègue après toutes les autres tâches à réaliser dans la vie courante. Peindre doit absolument être une priorité et prendre sa place dans notre agenda. Même si nous ne disposons que de peu d’heures chaque semaine, nous devons les réserver dans notre calendrier et nous y tenir.
Par ailleurs, prenons l’habitude d’avoir sous la main un carnet, où nous pouvons dessiner ou peindre pendant nos heures perdues. Cela nous évitera de nous laisser absorber par notre téléphone !
Troisième commandement : tu te formeras continuellement
L’artiste doit absolument cultiver sa curiosité, sa fraîcheur et sa soif d’apprendre. C’est pourquoi nous devons nous former continuellement, même si nous considérons que nous avons atteint un bon niveau. Nous pouvons toujours approfondir dans notre technique principale, ou en découvrir d’autres. Il est rafraîchissant d’apprendre un style complètement différent du nôtre. Que ce soit à travers des classes régulières, des tutoriels en ligne, ou des stages intensifs, nous devons enrichir nos connaissances en nous nourrissant auprès d’autres professeurs-es.
Quatrième commandement : tu innoveras
L’un des plus grands dangers pour un-e artiste est de se répéter et de s’imiter soi-même. Lorsque l’on est à l’aise avec un style, il est tentant de s’y complaire et de produire des oeuvres similaires à l’infini. Surtout si l’accueil du public est bon et qu’elles se vendent ! Nous connaissons tous-tes des artistes qui font tout le temps la même chose. Et nous en connaissons aussi qui se renouvellent sans cesse. Formons plutôt partie de cette deuxième catégorie et introduisons régulièrement de la nouveauté dans notre travail ! Il est toujours amusant de changer les couleurs, la thématique, la taille, les techniques, ou la composition.
Cinquième commandement : tu accepteras de te tromper
Si nous cultivons la curiosité, que nous sommes des éternels-lles apprenants-es et que nous n’avons pas peur d’innover, alors nous devons accepter de nous tromper. Nous devons avoir le courage d’être “mauvais-es” dans les premiers temps où nous introduisons un élément nouveau dans notre peinture. À l’instar des chercheurs d’or qui manipulent des tonnes de sable avant de trouver une pépite, nous devons être disposés-ées à produire beaucoup de choses sans qualité avant d’atteindre une certaine satisfaction. Les erreurs sont formatrices et font partie intégrante de notre parcours d’artistes. L’humilité est source de grands progrès.
Sixième commandement : tu prendras du plaisir
Peindre ne doit pas être une corvée ou une souffrance ! La pratique artistique est une source infinie de joie, de plaisir, de confort, d’émerveillement, de recueillement et de connexion à soi et aux autres. Prendre du plaisir est un élément fondamental de notre pratique artistique et augmente la qualité de nos oeuvres.
Si, à un moment donné, nous sentons que nous nous écartons de ce chemin, nous devons avoir l’honnêteté de nous arrêter et d’observer ce qui se passe. Devons-nous changer de technique ou de thème ? Devons-nous changer nos horaires ou réaménager notre studio ? Avons-nous besoin de faire une pause ? Ou bien l’heure de passer à autre chose dans notre vie a-t-elle sonné ?
Septième commandement : tu prendras soin de toi
Pour peindre et donner le meilleur de nous mêmes, nous devons être en bonne santé et en forme. Une bonne santé physique nous permet de manipuler des objets lourds, emballer et transporter nos tableaux, rester debout, marcher, etc. Mais être en forme inclut aussi notre santé mentale et émotionnelle. Toutes nos contrariétés et difficultés se reflètent dans notre oeuvre et nous freinent dans notre évolution artistique. Il ne faut bien évidemment pas les nier, ce qui nous entraînerait à exploser, mais en prendre conscience et les résoudre.
Entretenir de bonnes habitudes comme le sport, la méditation, une alimentation saine, un repos réparateur, des relations satisfaisantes et un travail de conscience est indispensable à notre mission d’artiste heureux-se. De plus, produire de l’art et le montrer expose nos vulnérabilités. C’est pourquoi nous devons absolument être bienveillants-es avec nous-mêmes et nous donner ce dont nous avons besoin.
Huitième commandement : tu trouveras ta tribu
La peinture peut être une pratique très solitaire et, poussée à l’extrême, peut même nous isoler. Nous pouvons passer des heures, des jours et des semaines à l’atelier sans voir personne et c’est dommage. Nous risquons de passer à côté de relations humaines riches et intéressantes, qui peuvent nourrir notre pratique artistique. Il est important de connecter avec d’autres artistes, qui comme nous, sont en perpétuelle recherche, et d’échanger avec eux-elles.
Nous avons besoin de fréquenter des personnes qui nous comprennent, car il est assez rare d’avoir d’autres artistes dans la famille ou parmi les amis-es proches. Je ne dis pas que la famille et les amis-es non-artistes ne peuvent pas nous comprendre, mais nous avons besoin d’appartenir à une tribu de semblables, qui nous soutiennent, nous stimulent et échangent des informations sur notre milieu.
Si tu ne disposes pas d’un groupe d’artistes proche de chez toi, crée-le toi-même !
Neuvième commandement : tu partageras ton art
Même si nous créons avant tout pour nous-mêmes, créer est un acte de générosité. Nous mettons au monde une oeuvre qui n’existait pas et c’est notre devoir que de la partager. Que ce soit en ouvrant notre atelier, en donnant des classes, en exposant notre travail, en publiant des photos sur notre site web, en partageant notre processus sur les réseaux sociaux ou en tournant des vidéos, l’acte de partage est complémentaire à l’acte de la création. Nous balançons entre deux mouvements : l’un tourné vers l’intérieur (celui de la création) et l’autre destiné à l’extérieur (la mise à disposition au monde). Un-e artiste heureux-se est à l’aise et prend du plaisir dans ces deux phases.
Dixième commandement : tu ne compareras pas aux autres artistes peintres
Il est facile de se comparer aux autres artistes qui nous semblent meilleurs-es techniquement, ou qui triomphent sur le marché de l’art. Que ce soit à travers la presse, les expositions ou les réseaux sociaux, nous sommes soumis à un véritable bombardement des réussites d’autrui. Cela peut en arriver à nous faire douter de nous-mêmes. Il existe un risque de nous comparer aux autres, de façon négative, en soulignant mentalement tout ce qui nous manque.
L’artiste heureux-se ne se compare pas et n’éprouve pas d’envie. Au lieu de cela, il-elle admire ses collègues et se réjouit de leurs succès. Car à moins de connaître personnellement ces peintres que nous envions, nous n’avons aucune idée des batailles qu’ils-elles ont dû livrer pour en arriver là. Chacun-e a son rythme propre et son parcours personnel, ses obstacles à surmonter et ses défis à relever.
Conclusion
Ces dix commandement tombent sous le sens, et pourtant il m’a semblé utile de les rappeler dans un article que nous pouvons relire de temps en temps, surtout lorsque le doute nous assaille ou lorsque les difficultés s’amoncellent. Il s’agit d’une ressource que nous pouvons consulter pour nous remettre dans le droit chemin. S’il est vrai que nous plaçons souvent l’art au dessus de tout, nous ne pouvons pas le mettre au dessus de notre propre bonheur !
Pour plus d’efficacité, je te propose de t’imprimer un résumé de ces dix commandements, d’y ajouter ta touche créative personnelle et de l’afficher dans ton atelier !