Les peurs dont souffrent les artistes peintres
Comme dans toutes les activités créatives, les artistes peintres souffrent de peurs, qui peuvent les gêner, voire les paralyser. En effet, que ce soit pendant la phase de création artistique ou ensuite pendant la promotion de notre travail, les peurs sont multiples et nous empêchent parfois de bien travailler et avancer.
Pourtant, la peur est un signal d’alarme qui réclame notre attention. Cette émotion viscérale, si nous prenons la peine de la comprendre, peut vraiment nous aider à nous améliorer.
Différentes peurs auxquelles les artistes peintres sont confrontés
Peur de la toile blanche
Certains-es peintres (dont moi) sont enchantés-es par la perspective d’aborder une toile vierge, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Une toile neuve et vide peut intimider, surtout si l’on traverse une période peu inspirée.
Peur de peindre mal
La peur de ne pas avoir une technique suffisante pour exprimer ce que nous souhaitons est assez courante et peut nous décourager.
Peur de ne pas être original, d’être obsolète
Qui n’a jamais pensé « en art, tout a déjà été fait » ? C’est une pensée habituelle chez les artistes peintres, qui peut conduire à la paralysie. De même, la peur de n’avoir rien à dire ou de ne pas être original a des conséquences néfastes sur notre créativité. Enfin, il existe un risque de se sentir dépassé-e par la modernité galopante, que ce soit au niveau technique ou des dernières « tendances » du marché de l’art.
Peur de gâcher de la peinture ou du matériel
Les produits nécessaires à notre pratique artistique coûtent cher ! La peur de gâcher du matériel ou de le « sous-utiliser » peut nous freiner et nous faire hésiter à expérimenter et tenter de nouvelles choses sur la toile.
Peur du ridicule, peur du rejet
Il s’agit ici de se préoccuper de la réaction du public ou de nos proches au contact de nos oeuvres. Peut-être qu’on va se moquer de moi ? Et si tout le monde s’éloigne de moi ? Mon art va-t-il décevoir, ou choquer ?
Peur de ne pas être à la hauteur – syndrome de l’imposteur
Même les peintres les plus avancés-ées sont confronté-es à la peur de ne pas être à la hauteur des attentes des autres. Lorsque les doutes sur la qualité de notre travail nous assaillent, il est facile de croire que jusqu’à présent on a eu de la chance, mais que le pot-aux-roses va bientôt être découvert.
Peur d’exposer son oeuvre
Exposer son oeuvre n’est pas si facile ou anodin qu’il n’y paraît. Annoncer au monde « voilà, c’est ça que je peins et c’est ça que j’ai à dire » nous projette dans la sphère publique, où toutes les réactions sont possibles, loin du confort de notre atelier.
Peur de publier sur les réseaux sociaux
Dans le même genre d’idées, publier sur les réseaux sociaux peut générer des craintes chez les artistes peintres. Outre la vulnérabilité due au fait de montrer son travail à des inconnus, il existe aussi la peur d’être copié-e.
Peur de parler de son travail
Les artistes peintres aimeraient beaucoup que leur oeuvre parle d’elle même, mais malheureusement ce n’est pas le cas. En général, le public a besoin que nous lui expliquions notre démarche, qui nous sommes, et ce que notre art apporte à la société. Cette injonction à parler de notre oeuvre peut entraîner des peurs. Trouverons-nous les mots exacts ? Serons-nous compris-ses ? Nos propos seront-ils déformés ? Allons-nous dire des choses qui ne jouent pas en notre faveur ?
Peur de perdre l’anonymat
Eh oui, devenir célèbre et reconnu-e à tout bout de champ peut être une préoccupation. Certains-es artistes souhaitent la célébrité, mais pas tous-tes, loin de là. La plupart d’entre nous sommes introvertis-es et tenons à garder notre anonymat.
Peur de vendre ou de ne pas vendre
Certains-es peintres ont peur de vendre, d’autres ont peur de ne pas vendre. Tout ce qui est lié à l’argent et à la valeur de notre travail génère de la peur.
Peur des critiques
Diffuser notre art nous expose aux critiques, qu’elles soient professionnelles ou non. Et elles ne sont pas toujours faciles ou agréables à recevoir.
Peur de l’Intelligence Artificielle
L’Intelligence Artificielle et sa capacité à générer des images peut inquiéter les artistes peintres. Serons-nous un jour remplacés-ées par la machine ?
Peur des autres artistes
Pour mille raisons, plus ou moins valables, les autres artistes peuvent nous faire peur. Leur présence et leur succès nous renvoient à nos doutes et notre insécurité. Je me souviens d’avoir un jour contacté une artiste canadienne par Instagram pour lui demander quel chevalet giratoire elle utilisait. Elle m’avait répondu qu’il s’agissait là d’un avantage concurrentiel (sic) qu’elle n’était pas disposée à divulguer. En disant cela, elle me révélait son insécurité profonde d’être égalée par une autre artiste. Car bien évidemment, notre talent ne se trouve pas dans le type de chevalet que nous utilisons !
Comment se débarrasser de la peur quand on est artiste peintre ?
Avant tout, nous devons nous souvenir des conseils d’Épictète et réaliser que nous n’avons pas de contrôle sur ce que font ou pensent les autres (les galeries, les institutions, les clients, le marché, la famille, les amis, etc). Nous ne pouvons agir que sur ce qui dépend de nous.
Ensuite, il nous faut distinguer entre menace réelle ou menace inventée, pour pouvoir prendre les mesures adéquates.
Si la peur provient d’une menace imaginaire, il s’agit alors plus d’anxiété que de peur. Dans ce cas, le travail doit avoir lieu sur notre psychologie et notre discours intérieur, qu’il convient de ré-orienter vers des pensées plus réalistes et bénéfiques.
Si la peur provient d’une situation réelle, il est nécessaire de mettre en place des actions pour réduire le danger perçu.
Dans tous les cas, nous disposons de nombreuses ressources, que nous pouvons utiliser :
- Pratiquer encore et encore, répéter, se préparer.
- S’éloigner des ambiances et personnes craintives.
- Être bienveillant envers soi-même.
- Ne pas s’identifier avec sa peur. La peur est une émotion que nous ressentons mais elle ne nous définit pas.
- Être créatif-ve : représenter notre peur à l’aide d’un dessin, lui parler et la modifier graphiquement jusqu’à ce qu’elle se réduise.
- Accepter les erreurs et les refus.
- Penser que les autres s’en fichent.
- Rester humble et fuir le perfectionnisme.
- Éviter de se comparer aux autres.
- Se former.
- S’informer : disposer de l’information correcte réduit l’incertitude et donc la peur.
- Demander conseil à ses pairs ou mentor.
- Recourir au coaching ou à la thérapie.
- Écouter des conférences de motivation.
- Protéger sa santé physique, mentale, émotionnelle (vie saine, bonnes habitudes etc).
- Faire des exercices de respiration.
- Lire des biographies d’artistes célèbres : constater que tous-tes ont eu peur !
- Nous connecter avec notre motivation profonde, notre pourquoi.
- Faire la liste par écrit de nos peurs et transformer chacune d’elle en une phrase positive.
- Ne pas confondre peur et excitation (les symptômes physiques sont souvent les mêmes).
- Examiner le chemin parcouru et les progrès réalisés de façon objective.
- Célébrer les victoires.
- Se fixer des petits défis, s’habituer à prendre des risques (dans l’art et dans la vie).
- Avoir peur et le faire quand même !
En complément de cet article, je vous invite à live le livre Art and Fear, de David Bayles et Ted Orland, qui apporte beaucoup d’éclairage sur le sujet des peurs.
En outre, si le syndrome de l’imposteur est un gros souci pour vous, je vous invite à vous abonner à ma newsletter pour recevoir gratuitement mon défi « artiste en confiance ». Vous y trouverez des actions à mettre en place pour enfin libérer tout votre potentiel !
Conclusion
La peur est naturelle et est un mécanisme qui nous permet de réagir aux situations dangereuses qui se présentent à nous. Elle est un signal utile.
Mais la plupart du temps, elle est excessive. De plus, elle peut nous prendre au dépourvu, apparaître sur un nouveau sujet et nous assaillir même si nous avons déjà de l’expérience. Au fur et à mesure que nous grandissons en tant qu’artistes, les défis sont différents et plus grands. Dans notre parcours d’artiste, il n’existe pas de stade idéal où tout serait parfait, sous contrôle, et où nous n’aurions plus peur de rien.
Nous devons apprendre à reconnaître nos peurs, mettre des mots raisonnables dessus et nous appuyer sur des stratégies pour réussir à avancer malgré tout.
Le courage, ce n’est pas d’avoir peur de rien, mais d’être capable d’agir en ayant peur !