Créativité

Que faire avec ses vieilles toiles ?

En tant qu’artiste peintre, il est probable que vous ayez un certain nombre de vieilles toiles entassées dans votre atelier, dont vous ne savez que faire. En effet, nous produisons beaucoup : travaux préparatoires, dessins, esquisses, brouillons, expérimentations, carnets et oeuvres sur toutes sortes de support. 

Que faire de cette masse de matériel ? Tout n’est pas bon, tout n’est pas intéressant. Et pourtant, c’est ce qui nous constitue comme l’artiste que nous sommes aujourd’hui.

D’un côté, notre style évolue et s’améliore au fil des ans, donc il est tentant de vouloir détruire nos anciens tableaux qui ne correspondent plus à notre goût actuel. De plus, il est nécessaire de ranger l’atelier et de faire de la place pour travailler et produire de nouvelles pièces. Mais d’un autre côté, il est intéressant de garder des traces de notre parcours artistique. Faut-il pour autant tout conserver ?

Trois options s’offrent à nous :

  • les écouler sur le marché
  • les conserver
  • les éliminer
Que faire avec ses vieilles toiles ?

1. Écouler ses vieilles toiles sur le marché

Il y a plusieurs façons de procéder, selon leur valeur et nos possibilités.

1.1. Vendre

La première option est de les vendre à leur prix normal, en particulier s’il s’agit de bons tableaux dont nous sommes fiers-es.

1.2. Vendre en promotion

La deuxième solution est de les vendre en promotion. Nous pouvons organiser une « liquidation d’atelier« . Les prix seront plus abordables pour le public, qui en sera ravi. Nous gagnerons de la place, et nous nous sentirons bien d’avoir réalisé des ventes. Il faut cependant faire très attention avec cette pratique pour ne pas froisser nos collectionneurs qui eux, auront acquis des oeuvres de ce style au prix fort quelques temps auparavant. Il ne faut pas non plus habituer le public à attendre que nous fassions notre « promotion annuelle » pour nettoyer notre atelier. Car dans ce cas, il nous sera de plus en plus difficile de vendre à notre prix normal.

1.3. Prêter / laisser en dépôt

Si nous ne pouvons pas vendre ces oeuvres anciennes pour le moment, nous pouvons les prêter à quelqu’un qui saura les apprécier ou qui dispose d’un lieu où elles seront visibles. Nous pouvons également essayer de les laisser en dépôt dans des boutiques dont la thématique est proche de la nôtre. Il faut se mettre d’accord sur la durée du dépôt et sur une commission juste.

1.4. Donner

    Nous pouvons, dans certaines circonstances, faire le choix de donner nos anciennes toiles. Cela peut être pour faire un cadeau ou en guise de remerciement à une personne qui nous a aidé. Mais, attention ! Nous devons nous assurer que la personne en question a réellement le désir d’avoir une de nos oeuvres chez elle. Car les goûts sont personnels et nous ne voulons embarrasser personne !

    Il est possible également faire un don à une vente de levée de fonds, pour une cause qui nous tient à coeur. Dans ce cas, nous devons ne donner que des pièces dont nous sommes satisfaits-es. Il ne s’agit pas de donner du mauvais travail pour nous en débarrasser ! Cela donnerait une image négative de nous et de notre art.

    2. Conserver nos vieilles toiles

    L’autre option qui s’offre à nous est de conserver nos anciennes créations. Mais notre espace n’étant pas illimité, il nous faut un critère de choix. Comment décider de ce qui mérite d’être conservé ? Certaines pièces sont intéressantes, même si elles ne nous plaisent plus.

    2.1. Conserver pour transformer

    Une raison suffisante pour conserver une oeuvre ancienne est d’y voir la possibilité de la transformer ou de la recycler en tout autre chose.

      Réutiliser les oeuvres sur papier dont nous ne voulons plus est assez facile. Par exemple, nous pouvons les coudre ensemble pour fabriquer des carnets. Nous pouvons également les découper à la guillotine en petits morceaux , pour les réutiliser comme cartes de visite artisanales ou comme cartes de remerciements. Nous pouvons distribuer ces pièces uniques sur les stands des salons où nous participons, ou les joindre à un tableau vendu.

      Tant qu’ils ne sont pas vernis, nous pouvons peindre par dessus une toile ou un panneau de bois déjà peints.

      Nous pouvons laisser voler notre imagination et ajouter des collages, de l’acrylique ou des marques au crayon feutre sur de l’aquarelle. Nous pouvons même écrire des mots dessus. Une nouvelle oeuvre de techniques mixtes peut ainsi naître d’une ancienne oeuvre qui ne nous plaisait plus.

      Enfin, les vieilles toiles que nous n’aimons plus peuvent être un merveilleux support pour essayer de nouvelles techniques ou du nouveau matériel. Elles sont un véritable espace de liberté, où nous nous donner la permission de « rater ». Nous pouvons les abîmer ou les saccager sans regrets, puisque nous n’avons rien à perdre !

      Transformer ses vieilles toiles

      2.2. Conserver pour terminer

        Certaines oeuvres ne sont tout simplement pas terminées. Il s’agit parfois de savoir leur ajouter un petit quelque chose qui leur fera prendre un nouveau tour et les rendra acceptables ou même réussies. Il faut réfléchir et se poser la question : ai-je envie de dépenser de l’énergie, du temps et du matériel sur cette oeuvre pour l’améliorer ? Parfois, cela vaut la peine, mais parfois c’est en vain et il vaut mieux recommencer de zéro.

        2.3. Conserver tel quel pour soi-même

          Dans notre atelier peuvent également se trouver des vieilles toiles que nous adorons et dont nous ne voulons pas nous séparer. Dans ce cas, l’idéal est de les accrocher au mur chez nous et d’en profiter ! Elle seront mises en valeur et auront meilleure mine disposées sur un mur qu’entassée dans un coin de notre atelier.

          Certains tableaux ne nous plaisent pas spécialement et ne peuvent pas être améliorés, mais ont tout de même un intérêt pour nous. Dans ce cas, nous pouvons les conserver, correctement emballés.

          3. Éliminer nos vieilles toiles

            Enfin, parfois il n’y a rien à tirer de nos vieilles toiles ! Elles ne peuvent ni sortir sur le marché, ni être améliorées ou recyclées, et nous n’avons aucun intérêt à les garder. Certaines ont même une sorte d’énergie négative qui nous dérange. Pour elles, c’est la mort qui les attend !

            Si c’est trop douloureux pour vous de jeter ou détruire vos oeuvres, demandez à quelqu’un d’autre de s’en charger ou de vous aider.

            Au moment de décider, je vous conseille d’éviter le critère “c’est bon / c’est mauvais” pour faire votre choix. Demandez-vous plutôt : cette oeuvre est-elle intéressante ? Est-elle représentative d’une de mes périodes ou de quelque chose que j’ai appris en peignant ce tableau ? Est-ce qu’elle a une signification personnelle pour moi ?

            Avant de mettre au rebut de vieux tableaux, souvenons-nous de l’énergie, du temps et des ressources dont nous avons eu besoin pour les fabriquer. Essayons de ne pas tomber dans la culture du gaspillage !

            4. Stockage

            Si nous choisissons l’option de conserver nos vieilles toiles, il faut le faire correctement et donc, bien les emballer pour les protéger. Il n’y a rien de plus rageant que de tacher un ancien tableau avec de la peinture projetée sur le nouveau tableau que nous en sommes en train de faire !

            Retirer les toiles de leur châssis et les enrouler est une bonne solution pour gagner de la place. Stocker les petites oeuvres sur papier dans des boîtes transparentes de rangement est également une bonne idée. Il est possible aussi de conserver les travaux sur papier dans des chemises de classement avec des pochettes transparentes de type lutin. Cette organisation protège les oeuvres et permet de les consulter à loisir.

            Les carnets à dessin sont plus faciles à transporter et stocker que des feuilles « volantes ».

            5. Documentation

            Il est indispensable de prendre en photo tout notre travail, afin de pouvoir documenter notre travail, observer notre évolution et disposer d’un matériel de recherche et d’inspiration. En effet, les artistes revisitent et réinterprètent constamment leur propre oeuvre.

            Enfin, si vous vous séparez d’une toile, soit parce que vous l’avez vendue, soit parce que vous l’avez détruite, il serait dommage de ne pas en garder le souvenir grâce à une photographie. Au minimum, prenez des photos avec votre smartphone, puisque la qualité de ces appareils est maintenant très correcte. Mais si vous souhaitez réaliser des reproductions d’art ou vendre des licences de vos tableaux, vous aurez besoin de photos en haute résolution, prises par un-e photographe professionnel-le.

            Prendre en photo ses oeuvres

            Conclusion

            Le choix de vendre, conserver ou détruire ses vieilles toiles est un sujet très personnel à chaque artiste. Il n’existe pas de réponse toute faite à cette question.

            Réfléchissez à ce qui vous rend heureux-se : êtes-vous plus inspiré-e et à l’aise entouré-e de toutes vos créations ? Ou bien, au contraire, préférez-vous un atelier pratiquement vide pour créer de nouvelles pièces ? Dans quelle ambiance êtes-vous plus motivé-e ?

            Mon conseil est, si vous le pouvez, de prendre votre temps avant de vous décider. Car lorsque nous venons de terminer une oeuvre, nous ne sommes pas toujours les mieux placés-ées pour l’évaluer. En effet, nous avons tendance à être très critiques avec nous-mêmes.

            N’ayez pas de regrets ou de honte à garder ou jeter votre travail ancien, car c’est votre choix !

            Et surtout, dîtes-vous que si vous n’aimez plus votre ancien travail, c’est que vous avez grandi comme artiste !

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