Comment contrôler les voleurs de temps ?
Vous connaissez les voleurs de temps dans la vie d’un-e artiste peintre ? Il s’agit de petits êtres imaginaires qui se glissent dans notre emploi du temps et nous enlèvent des précieuses minutes. Nous avons tous-tes le même nombre d’heures dans une journée, et pourtant, il y a des semaines où nous avons l’impression que le temps nous file entre les doigts. Pourquoi ? Parce que les voleurs de temps sont passés par là et ont grignoté notre bien le plus précieux. Pourtant, en tant qu’artistes peintres, nous avons besoin de tout le temps possible pour créer toutes les oeuvres que nous portons en nous et nous ne pouvons pas laisser les voleurs de temps gagner la partie ! C’est pourquoi je vous propose dans cet article d’apprendre à contrôler les voleurs de temps.
1. Que sont les Voleurs de Temps ?
Les interruptions externes
Les interruptions externes ne dépendent pas de nous, mais nous font perdre du temps en ralentissant ou même en arrêtant notre activité en cours. Il peut s’agir de notre conjoint-e, de nos enfants, de nos amis-es, de membres de notre famille, qui entrent dans notre atelier lorsque nous sommes en train de peindre. Parfois ce sont des sollicitations non souhaitées d’entreprises, de la publicité qui nous parvient, ou des artisans qui viennent travailler à la maison. Une interruption externe peut aussi être provoquée par du bruit dans la rue, une fête dans le quartier, un-e voisin-e qui vient nous demander quelque chose, un événement inattendu qui se produit dans le jardin, etc.
La procrastination intelligente
La procrastination intelligente est un voleur de temps assez pernicieux ! Elle se produit lorsque nous repoussons l’exécution d’une tâche pour nous consacrer à une autre en apparence utile, mais qui en réalité, ne nous fait pas avancer dans nos projets. Par exemple, passer trop de temps à faire de nombreuses recherches sur un thème plutôt que de s’y lancer, se documenter en excès, lire trop de livres sur le même sujet. Parfois, nous nous perdons dans la recherche d’inspiration et visionnons des documentaires d’art, nous visitons une exposition ou un musée.
Ce sont bien sûr des activités nécessaires à notre activité d’artiste, mais lorsque nous y passons trop de temps et les utilisons comme stratégie d’évitement, elles se convertissent en procrastination. De même, nous pouvons passer des heures à ranger notre ordinateur à la perfection pour la 1000eme fois, classer nos photos avec un nouveau système, ou relire le même email trois fois !
La procrastination intelligente peut aussi prendre la forme de ranger l’atelier alors que ce n’est pas le moment.
Les distractions
Les distractions sont de notre fait et sont de terribles voleurs de temps ! Lorsque nous manquons de concentration, notre esprit part à la dérive sur un autre sujet et nous perdons de longues minutes à rêvasser. Ou bien à scroller sur les réseau sociaux, ou encore à surfer sur internet.
Lorsque l’atelier est situé au domicile, il est tentant – hélas ! – de mettre une machine à laver en route, faire la vaisselle, ranger la maison, prendre un café, vider les vases de leurs fleurs fanées, jouer avec nos animaux, etc. Toutes ces activités ne font pas de mal, mais diluées tout au long de notre journée de travail, elles représentent de nombreuses interruptions.
Le manque d’organisation
Une autre porte ouverte aux voleurs de temps est le manque d’organisation. Par exemple, aller se ravitailler une fois par semaine au magasin de beaux-arts, au lieu de faire une liste de besoins et y aller une seule fois par mois, est une perte de temps. Regarder une classe de peinture online en 5 fois plutôt qu’en une seule fois nous fera perdre du temps, car il existe un temps incompressible de mise en route à chaque fois.
À l’atelier, j’ai identifié quelques voleurs de temps classiques :
- Ne pas noter ses mélanges de couleurs et donc perdre du temps lorsque l’on souhaite les reproduire.
- Ne pas ranger son matériel et donc passer du temps à le chercher, ou même devoir le racheter !
- Ne pas bien ranger les toiles neuves et donc passer du temps à chercher celle qui nous convient.
- Ne pas entretenir ses pinceaux et donc s’apercevoir qu’ils sont inutilisables lorsque l’on veut s’en servir.
D’autre part, les réunions sans ordre du jour avec des clients, d’autres artistes ou une galerie, peuvent durer trois fois plus que nécessaire.
Les tâches administratives
Elles sont nécessaires, mais les tâches administratives nous volent du temps d’atelier ! En effet, le suivi des finances, des ventes, et de la comptabilité demande du temps, d’autant plus que ce n’est pas notre point fort !
L’incapacité à dire non
Les voleurs de temps profitent avec joie de notre difficulté ou incapacité à dire non ! Lorsque nous acceptons des tâches supplémentaires sans impact sur notre projet artistique, nous facilitons la tâche aux voleurs de temps. De même, notre sur-engagement dans des des expositions ou des collaborations, des projets associatifs, ou des activités caritatives, peut nous coûter cher en précieux temps. Il va de soi que le bénévolat et la solidarité sont de nobles actions et que cela contribue au bien-être général, y compris le nôtre, mais nous devons être capable de fixer des limites et ne pas nous nuire à nous-mêmes. Il est souvent difficile de résister aux invitations d’autres artistes, que ce soit pour visiter leur atelier, leur donner des conseils, ou assister à un vernissage.
2. Conséquences des Voleurs de Temps sur la vie d’artiste
Une baisse de productivité artistique
Bien entendu, toutes ces heures enlevées par les voleurs de temps se traduisent en œuvres non achevées ou mêmes non exécutées. C’est bien dommage, car la vie est courte !
De même, nous pouvons noter un impact sur la qualité de notre production. D’une part, parce que nous perdons le fil de notre travail, et d’autre part, parce que les heures nous manquent pour perfectionner notre technique !
Le stress et l’épuisement
Plus grave encore, les voleurs de temps peuvent nous entraîner dans une spirale de stress. En effet, nos tâches en retard s’accumulent, la qualité de notre travail s’en ressent et notre frustration augmente. Nous pouvons rapidement nous retrouver avec une sensation de surcharge et d’urgence constante. Sur ce sujet, je vous recommande de lire mon article pour éviter le burn-out !
Un impact sur la carrière artistique
Lorsque nous nous laissons envahir par les voleurs de temps, nous pouvons malheureusement donner à l’extérieur une image de manque de professionnalisme. En effet, être tout le temps débordé-e n’est pas du tout un signe d’efficacité !
In fine, les voleurs de temps nous éloignent des opportunités de développement et de reconnaissance artistique.
3 Stratégies pour contrer les Voleurs de Temps
Planification et priorisation
Afin de repousser les voleurs de temps hors de notre agenda, il est fondamental d’utiliser des listes de tâches et des méthodes pour fixer nos priorités, comme la matrice d’Eisenhower, par exemple. C’est à chaque artiste de trouver les outils de gestion du temps qui lui conviennent, et cela demande souvent un long parcours d’essais et erreurs.
De même, pour ne pas tourner comme une girouette et se laisser porter par le vent, il est indispensable d’apprendre à nous fixer des objectifs, avec lesquels nous sommes alignés-es et qui vont vraiment faire avancer notre projet d’artiste.
Par ailleurs, prenons l’habitude de préparer un ordre du jour pour nos réunions et de décider conjointement d’une limite de temps alloué. Et dans la mesure du possible, déléguons les tâches administratives, quite à allouer un budget pour cela.
Gestion des interruptions
Les interruptions externes de sont pas faciles à contrôler, par définition. Mais il est possible de négocier avec notre entourage des plages horaires pendant lesquelles nous ne sommes pas disponibles, en faisant preuve de pédagogie. Nous devons également nous discipliner et laisser les tâches domestiques en dehors de nos heures de peinture et de travail à l’atelier. Montrons l’exemple et soyons les premiers-ères à respecter notre emploi du temps ! Nous pouvons très bien nous fixer des moments précis pour accomplir certaines tâches, en particulier pour répondre aux messages du téléphone et aux emails. Enfin, il est souhaitable de créer un environnement de travail propice à la concentration : sans bruit, sans gadgets, sans éléments externes à notre art.
Déconnexion numérique
Il est facile de tomber dans le « rabbit hole » du téléphone et des réseaux sociaux, avec leurs notifications et sollicitations incessantes. Pour cela, nous devons être vigilants-es et mettre en place des outils qui limitent le temps passé sur les applications, voire mettre en place des périodes de temps sans téléphone ou tablette à proximité. Notre anxiété en sera diminuée et notre productivité, fortement améliorée !
Apprendre à dire non
Pour protéger son temps et repousser l’envahisseur, il est essentiel de savoir dire non. Pour certaines personnes, ce n’est pas facile, mais c’est comme tout, cela s’apprend et cela se pratique. Lorsque l’on se voit en risque de dire oui à quelque chose que l’on devrait refuser, la première chose à faire est de ne pas accepter immédiatement et de dire « je vais y penser, laisse-moi te répondre plus tard ». Cela évite de s’engager et cela gagne du temps pour réfléchir tranquilement à une façon polie de décliner la proposition en question. Ensuite, si l’on s’est engagé alors que l’on n’aurait pas dû, il est toujours possible de revenir dessus ! Nous pouvons tout à fait contacter la personne concernée et lui dire « tu sais, je t’avais dit oui pour x, mais j’ai bien regardé mon agenda et je ne peux pas le faire ». Notre interlocuteur-trice sera déçu-e, mais tant pis !
J’en reviens à la nécessité de clarifier ses objectifs, afin de dire non plus facilement aux propositions ou sollicitations qui nous éloignent de ceux-ci.
Cet article du blog « Simplement humain » donne quelques clés pour apprendre à dire non.
Conclusion
Malheureusement, les voleurs de temps sont nombreux et certains se trouvent dans notre propre tête et nos propres habitudes ! Mais si nous prenons conscience de leur existence et de leurs effets sur notre vie d’artiste, nous serons déjà mieux armés-es pour y faire face.
La perfection n’étant pas de ce monde, nous souffrirons toujours des pertes de temps par moments, mais si nous mettons en place quelques stratégies, nous pouvons protéger considérablement notre précieux temps et l’employer à ce que nous aimons, c’est à dire, peindre.
Dîtes-moi en commentaires quels voleurs de temps vous posent le plus de problèmes et les solutions que vous avez trouvées !
C’est vrai qu’il est difficile de pouvoir respecter pleinement son emploi du temps mais les outils et conseils développés ici permettent en partie d’y remédier. (Même s’il y aura toujours des imprévus). Merci pour cet article très utile.
Merci pour ton commentaire, Bryan ! Il faut rester vigilant, en effet. Sinon, le temps nous file entre les doigts !
Les voleurs de temps ne sont là que parce qu’on les autorise à être là. Malheureusement, je pense que la majorité des gens, y compris moi-même, sommes victimes de ce genre de « perte de temps ». Merci pour ton article qui me permet de revoir mes priorités.
Absolument ! Et ce n’est pas toujours facile d’être ferme face à eux. En prendre conscience, c’est déjà pas mal et ça aide à revoir ses priorités, comme tu dis. Merci de ta visite et de ton commentaire, Jackie !
J’aime beaucoup ton article et je t’en remercie. J’ai souvent procrastiné en recherchant des documentations. Cependant, j’ai aussi découvert que planifier mes actions la veille pour le lendemain avec un objectif concret me rend beaucoup plus productive. Cela me rend fière de moi-même, et ma journée est bien plus satisfaisante que lorsque je me contente de ‘brasser de l’air’… Lol.
Contente que mon article t’ait été utile ! La procrastination intelligente, c’est peut-être la pire ! Car souvent, on ne s’en rend même pas compte, hahaha…. Planifier la veille est une super méthode, en effet. Merci pour ta visite et ton commentaire, Nathalie !
Merci pour ce rappel malheureusement bien trop présent dans nos/ma vie(s)… C’est une lutte perpétuelle de chaque jour qu’il n’est pas facile de mener, surtout en l’absence d’impératifs horaires, comme c’est le cas bien souvent en tant qu’artiste! Personnellement, ce n’est pas la capacité à dire non qui pose question mais celle de pourquoi dire non: par exemple, un gros businessman dont je n’ai plus le nom conseillait de ne jamais manger seul. J’aurais eu tendance à penser le contraire (trop long à développer ici) mais à y réfléchir, cela a de nombreux avantages… Cette question est un sujet intéressant à nuancer, peut-être pour un nouvel article? Merci pour ce blog très enrichissant!
Le « pourquoi dire non » est en effet une bonne question à se poser. J’en ferai l’objet d’un autre article ! Quant à manger toujours accompagné, c’est une idée qui fait réfléchir. Peut-être que cela fait gagner du temps, effectivement, puisque l’on fait d’une pierre deux coups : se nourrir et nouer des liens, qu’ils soient professionnels ou affectifs ! Merci pour ta visite et ton commentaire.
Personnellement, je suis beaucoup plus rapide quand je mange seule. À deux, on a tendance à bavarder et le repas s’éternise… Avec mon copain, on cherche des solutions pour limiter le temps à table, mais pas facile.
Merci pour ton commentaire, Noémie ! Tout dépend de ce que l’on recherche lorsque l’on prend un repas : s’alimenter le plus vite possible, ou savourer son assiette, enrichir la relation, utiliser ce temps pour planifier des activités… En tout cas, il faut que les deux personnes soient d’accord !
Cet article va bien au-delà de l’artiste qui sommeille en moi mais c’est tellement vrai ! 😉 Merci !
On prend bien mieux conscience de la rareté et de la valeur de notre temps quand on s’organise pour en bénéficier au maximum.
Il est même impressionnant de se rendre compte de celui qu’on perd 🙂
Merci pour ce rappel des bonnes pratiques à s’appliquer au quotidien
Merci pour ton commentaire, Sophie. C’est sûr que lorsque l’on commence à compter les heures « volées », ça fait peur ! Raison de plus pour agir 😉
Merci Alexandra pour cet article plein de vérités. je m’y retrouve complètement, ces voleurs de temps sont partout ! Et dans tous les domaines de notre vie, bien souvent aussi dans l’écriture… 😄 Oui, nous avons tous 24h, et certain réussissent mieux que d’autres, en mettant des niveaux d’importance, de priorité dans notre activité nous arrivons à filtrer beaucoup de ces petits voleurs 😁. Merci encore pour cet article plein de bons sens.
Eh oui, ces voleurs sont la plaie ! Il faut mettre en place des stratégies pour ne pas nous faire cambrioler 😉 Merci pour ton commentaire, Pascal